jeudi 10 décembre 2009

Histoire de girouette dans les alizés...

J5, le 7 octobre au matin.
La nuit a été grandiose, mer belle, vent médium, sous gennak et surtout pleine lune, un des grands moment de bonheur de cette transat !
Tellement beau et bon que même la fatigue ne m'atteignait plus, sur le pont, émerveillé, même quand on sait que ce spectacle va durer des semaines, on a pas envie d'en rater une miette.
Passé le mauvais temps, passé le stress du passage des îles, oublié ce mauvais coup tactique... Devant c'est les tropiques, les alizés qui vont se renforcer, pour l'instant c'est calme mais pas trop, ca glisse sans remuer... Magique ! Du coup j'ai un peu fait la bringue... Et oui on peut faire la fête en solo, musique a fond dans le cockpit, je débouche une de mes précieuse bière, l'agrémente de quelques graines et d'une bonne cigarette... J'ai même dansé je crois, heureux d'être la, des émotions plein la tête ! Dommage, j'avais tellement la tête ailleurs qu'il n'y en a pas d'image...

Bref, ce bon moment passé, un gros dodo a peine interrompu, sans doute trop long mais sans conséquence cette fois... Le jour se lève, je suis un peu vaseux mais de bonne humeur, réveil en douceur le temps d'apprécier une paire de bon café (et oui j'ai la cafetière a bord !!!)
Me voilà opérationnel, reposé, d'attaque pour en découdre et remonter quelques places, l'heure du grand spi a sonné et en quelques minutes le voilà a poste. Toujours a fond mais il n'y a plus rien a faire, un peu trop mou pour être a la barre je cherche quelquechose a optimiser : réglage, matossage, rangement, livre de bord, trajectoire, analyse meteo... tout est en ordre... ou presque, me voilà donc au portant et il m'arrive de lever la tête pour interroger ma girouette qui n'est plus la. Paix a son âme, ce n'est pas grand chose mais ca m'handicape, surtout dans ce petit vent pour trouver mon angle de descente optimal. Un petit pincement a chaque fois de sentir mon bateau « blessé » et pas a 100%... Alors l'idée germe vite : en fabriquer une nouvelle avec les moyens du bord...
Avant tout, il faut que je remonte au mat chercher le morceau qui reste. J'ai effectivement acheté le bloqueur nécessaire pour monter au mat en solo, mais quand j'ai voulu l'essayer la dernière fois au port, j'en avais conclu que la fonction descente était inutilisable sur une drisse de diamètre 6, limite un peu dangereux même... Le temps m'avait manqué pour résoudre ce point et oliv m'avait monté au mat vite fait car le programme était chargé...
Je m'en veux mais bon, après tout je suis aussi un grimpeur et je devrais m'en sortir pour descendre avec un demi-cabestan ou mon reverso moyennant une petite manip supplémentaire une fois la haut. Je répète et teste tout cela au premier étage de barre de flèche (a 3m du pont), une poignée jumard avec une pédale en sangle pour le pied et un erzatz de gri-gri comme bloqueur-déscendeur au baudrier qu'il faut monter alternativement et péniblement... puis j'affale le spi, j'appel simon que j'ai en contact VHF lointain pour lui signaler la manoeuvre et me lance, la mer est calme, me voilà en haut bien aggripé a ma tête de mat, ça bouge bien mais quelle vue ! Et surtout quelle sensation quand on baisse la tête et voit son petit bateau qui avance tout seul... Ne pas trop trainer, je récupère mon reste de girouette et actionne le descendeur avec délicatesse pour ne pas retomber sur le pont comme une pierre, et en quelques instants me revoila sur le pont avec mon reste de Girouette.



Reflexion... il reste les secteurs et le trou qui acceullait jadis l'axe de rotation. Je fouille le bateau et sors tout ce qui pourrait ressembler a un bout de girouette : Stylo, vis, goupille, un carnet plastique, un bibelot porte bohneur offert par cloclo (Evinrude, la fameuse cocinelle a hélice), quelques rondelles, de la colle epoxy, une carte plastifiée... Je passe toute la journée comme un gamin devant un mecano a essayer, comparer des solutions techniques, appeler les collègues a la VHF pour les mettre à contribution... la nuit tombe et interromp mon travail et ce n'est que le lendemain matin que j'accouche de mon invention : une girouette qui me semble suffisament précise et solide.

Entre temps le vent est monté d'un cran, la mer s'est levée et malgré mon impatience de la voir en action, j'ai une incoyable flemme de remonter en haut de ce mat qui balance... Et puis le soleil cogne déjà très fort, je verrais ca en fin de journée...
Après un frugal repas a midi, je sors faire un petit check up avant la sieste. C'est la que j'aperçois derrière moi au loin un grand spi blanc, pas un mini. Après quelques tractations à la VHF, j'établis le contact, il s'agit de Celeste, un bateau accompagnateur de 50 pieds.
L'occasion est trop belle pour monter au mat sous surveillance rapprochée, je prépare tout et affale le spi, let's go !
C'est dur cette fois, il fait très chaud et ca bouge beaucoup, chaque centimètre est gagné péniblement en agrippant bien si je ne veux pas me blesser. J'arrive essoufflé en tête de mat et met la girouette en place.
Retour sur le pont, Céleste est encore loin et pour prendre quelques images ils me proposent d'attendre un peu avant de renvoyer mon spi. J'accepte volontiers, voilà un bon prétexte pour un bon repos mérité et forcé !

Les voilà enfin a coté, a portée de voix, c'est vraiment sympa d'avoir un peu de compagnie, la star : tout un équipage sur le pont en train de mitrailler ! Je renvoie illico le grand spi et je repars doucement devant...
« - Vous pouvez envoyer un petit mail a ma chérie ?
- Non c'est interdit, tout doit passer par denis et par le site web...
- Alllleeeez.... c'est son anniversaire demain !!!! soyez cooooool les gars !
- Non c'est vraiment pas possible, mais on va faire en sorte qu'elle reçoive le message via le site... »

Et voilà, un petit mensonge pour une gentille ruse qui n'aura pas marché mais qui aura beaucoup fait parler...

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