dimanche 27 décembre 2009

Un tapis volant au Cap Vert !

le 7/10 on pouvait lire sur le blog « le havre course au large » :
« François Champion est lui en milieu de flotte en compagnie de deux autres Pogo1 (Sandrine Bertho et Fabien Meyer). Auteurs tous les trois d’une belle trajectoire ils confirment que le Pogo1 n’est certes pas le bateau le plus rapide, mais qu’il tient toujours son rang en milieu de flotte et qu’il est tout à fait adapté à un projet amateur qui ne peut de toutes façons pas espérer terminer dans les premiers »




J7, le 9 octobre... Voilà donc une semaine que nous sommes partis de Madère, l'alizé est enfin rentré, d'abord un bon petit 15 noeud de Nord-est, et le voilà maintenant avec des rafales a plus de 25.
Le temps est beau mais pas très clair, un peu brumeux, visibilité assez mauvaise, des petits nuages pommelés parsèment le ciel, assez monotone.
La nuit a été intense, a fond la caisse sous grand spi dans les premiers surfs de fou qui n'en finissent pas, constament lancé a plus de 10 noeuds, impossible de se reposer dans ces conditions, un mélange d'excitation d'être en course, de pur plaisir de barrer son petit bolide dans ces conditions merveilleuses, un peu d'angoisse aussi de tout voir partir au tapis, quelques inquiétudes pour mon seul et unique pilote auto qui travaille énormement et puis il est difficile de desserer les fesses dans sa banette quand on sent les accélérations folles et le raffut qui va avec en pleine nuit noire...Petite pause bien méritée en fin de nuit, il me faut réduire et passer sous petit spi, j'en profites pour une paire d'heures de vrai sommeil et renvoi « le pti » vers 8h, des cigarettes sur les oreilles, des barres « MuleBar » plein les poches, un thermos de thé pas loin, chapeau-lunettes-crème solaire, une bonne playlist de musique calée dans le mp3 : voilà comment on se prépare a une longue journée a la barre...

Je renvoi le spi, et on prend une belle accélération comme un coup de pied au cul, ranger les bout pour anticiper l'affalage, caler le coussin et c'est parti mon kiki !11h TU, l'heure de la vacation quotidienne approche, Denis le directeur de course nous parle sur les ondes courtes assez difficiles a capter pour nous donner la meteo sur 48h et notre classement + distance au but... Peu de contact avec la flotte autour, c'est donc un moment important pour savoir si je tiens le rythme par rapport a mes collègues et savoir si ca va rester aussi soutenu jusqu'au cap vert. Je fait quelques essais de réglage du pilote pour vérifier qu'il puisse assurer le coup pendant cette demie heure... C'est limite mais ca devrait le faire. Je descend, livre de bord, bloc note, « table a carte » (planche de contreplaquée), stylo et poste radio, je branche l'antenne. Coup d'oeil sur la montre : 11h04, l'emission commence dans une minute, je met en route le poste et le cale sur 13.146 Mhz (il y a 5 fréquences dispo mais celle ci marchait plutot pas mal ces derniers jours...). Ca crachouille, voix de denis très déformée, j'ajuste le réglage, ca prend forme... Comme tous les jours sa voix devient familière : « Salut a tous les minis de la Transat 6.50 charente-maritime Bahia, en route pour Bahia ! Pour commencer un peu de musique pour régler vos appareils... » s'en suit une musique impossible a reconnaître puis vient la meteo, situation générale et bulletin par zone, comme une petite mélodie habituelle : « Anticyclone 1026 sur l'ouest du portugal, derpression relative sur Mauritanie-Senegal, Alizé modéré des canaries au Cap-Vert, plus instable par l'est, faibli et tourne au Nord demain.... » Puis la posisition de la fameuse ZIC, la zone-intertropicale de convergence, le sujet d'après le cap-vert dont nous aurons l'occasion de reparler... « Pour la zone Ouest Cap-Blanc, le 10 a 12hTU pression 1017, Vent NNE 5, rafale 30 noeuds et grain, faudra ranger les grands spi » précise denis...
Pendant ce temps dehors ca surf a bloc, quelque rafales me font sortir un peu pendant la meteo « in english » en attendant les classements. « Classement établi a 7h TU, pour les bateaux de séries... » puis commence la longue énumération... ca approche et j'ai hate d'entendre mon classement pour aller me remettre a la barre c'et vraiment chaud la... « 28ème, le 236, Sandrine Bertho a 2411 milles de l'arrivée, 29ème le ... » Le bateau part méchamment a la contre-gite sur un coup de roulis et par voie de conséquence commence a abattre sérieusement, je retiens mon souffle et impuissant avec ma radio sur les genou je crie en vain a mon pilote « tire la barre bordel ! ».... pas assez visiblement et c'est le départ a l'abattée....Le bateau empanne, la bome change de bord avec violence et vient cogner dans le pataras (cable qui tient le mat sur l'arrière), et se retrouve bordée « a contre » (a l'envers) ce qui a pour effet de coucher le bateau sur l'autre bord et de le faire remonter vers le vent... Le spi se retouve gonflé et rempli d'eau, tout a l'envers aussi, tangon dans l'eau, et le bateau qui continue de se coucher...Bref un peu difficile a envisager mais pour moi le résultat est le suivant : je suis vautré dans un bateau couché a l'horizontale avec ma radio sur les genous et je commence a embarquer de l'eau par la descente... Positivons : la situation est stable et le mat est toujours debout ! J'enfile mon gilet, je m'attache et sors tant bien que mal, pas de précipitation, il faut faire les choses dans le bon ordre si je veux avoir une chance de tout récupérer en état... D'abord fermer la porte ! Reprendre le pataras au vent pour maintenir le mat, puis choquer dans l'ordre : Pataras (l'autre), hale-bas de GV, amure de spi et tenter de récupérer ce spi tant bien que mal.... Une heure plus tard tout est en ordre et aucune casse mais j'ai pris un sacré coup de chaud, une pause s'impose et desormai je me promet d'affaler le spi pour la vacation dans de telles conditions !
Les 2 jours qui suivent sont sur le même rythme : grosses bourres sous spi la majeure partie du temps entercoupées de pauses (affalage du spi) imposées par la fatigue et la faim, un départ en vrac, un changement de voile, un empannage ou .... le mal au fesse ! Et oui je vous passe le détail, mais l'humidité + sel + frottement + chaleur font des ravages et imposent des sessions rincage-séchage-crémage (genre Mytosil)- mise à l'air...
En dehors de ça, le moral tient bon même si c'est très dur physiquement, je suis devenu une machine a naviguer, j'ai l'impression que ma tête est vide de tout et ne pense qu'a la stabilité du bateau, a me demander si je tiendrais le grand spi, ou si je dois prendre un deuxième ris dans la grand voile...
Dans la catégorie « départ au tas mémorable », il faudra quand même noter, le 11 au petit matin un enfournement sauvage (plantage de l'avant du bateau en bas d'une vague en survitesse), l'étrave pourtant volumineuse s'enfonce, s'enfonce... jusqu'au pied de mat, le temps de perdre sa vitesse supersonique, l'arrière du bateau de lève dangeureusement, les safrans sortent de l'eau... ouhlala ! chaud ! Mais finalement le bateau s'arrête et se couche « normalement »...
Ce soir la j'arrive enfin sur l'archipel du cap vert, après mon cafouillage au canaries, je décide de passer loin des îles dans le passage le plus large et le plus proche de la route directe, je suis assez seul par la, je crois que la plupart passe dans l'ouest, soit pour une escale technique a Mindelo, soit pour se rassurer et y boire un coup si l'envie leur vient mais je n'y voit pas trop d'interet stratégique.
Je marche bien et j'ai maintenu ma place a la 33ème position, nous sommes les 3 pogo 1, sandrine a 4 Milles devant et Francois a 15 derrière...
Le vent molli et les conditions deviennent vraiment agréables glisse sous grand spi par 10 noeuds de vent, repos, rangement, ménage.... J'en profites pour ouvrir quelques petits mots gentils que m'ont laissé mes amis. Mes pensées voyagent instantanément vers eux et avec elle tout un lot d'émotions qui explosent littéralement, nostalgie... la joie d'être triste ! Tous me manquent beaucoup mais j'imagine déjà le bohneur de retrouver mes proches après cette aventure...
Nuit calme sous grand spi au milieu de l'archipel, mis a part le croisement d'un caboteur. Au petit matin (le 12 oct) alors que je me réveille, j'aperçois un grand voilier sur babord, c'est Podorange, un bateau accompagnateur sympa.
« Podorange, Podorange du 445 vous me recevez ?
Salut Fabien, te voilà réveillé... On va essayer de faire quelques images.
Ok super, Je pense que je vais profiter de mon empannage pour faire une petite pause ti-dej avant de renvoyer sur l'autre bord...
Ok , on essaye de se rapprocher, fais nous signe quand tu renvois »

J'affale donc le temps de me faire un bon casse-croute, puis vient le temps de la vacation VHF qui est un sacré divertissement aux coté de « Podo »: Poème, dicton du jour, quizz avec Caïpi a la clé...
Je me prépare a renvoyer et en avise mes compagnons, « Tu es sur d'etre bien prêt ? Tu t'es brossé les dents ? », dernier détail a régler donc et feu ! Ca glisse bien et j'essaye de me rapprocher mais pas moyen d'abattre suffisament, je les double d'assez loin et accélère progressivement au fur et a mesure que le vent monte, je suis desormais a l'ouest de Fogo, un immense volcan de 3000 m qui promet un sacré dévent. En continuant comme cela au sud je devrais tomber dedans... mais si loin que j'epère en être sorti. En attendant je profites d'une belle accélaration su le coté de l'île qui me booste littéralement dans une mer régulière, les plus belles moyennes que j'ai jamais faites, un pur régal, et facile a tenir cette fois ! Malgré les avertissement des collègues a la VHF « Fais gaffe, j'ai entendu que le dévent de cette ile pouvais aller jusqu'à plus de 100 milles ! », je me dis qu'il me suffira d'empanner si le dévent se fais sentir....
Erreur ! encore une fois, le temps de diner un bon « Dardus » (un bon petit plat en sauce type « Civet De boeuf a la canelle du sri-lanka »), le vent en plus d'être tombé, a complétement tourné, quasiment de 180°... Zutzut zut, me voilà sous génois a faire de l'ouest a 3 noeuds pour essayer de sortir... Je vais prendre cher au classement alors que j'ai fais une journée de fou a me surpasser... Grr j'enrage mais assume finalement ma bourde et en profites pour aller faire un gros dodo.
Ce n'est que le lendemain (le 13) que le vent revient, médium de NE, a la vacation, je suis 31ème, après être repassé 29 hier, je suis derrière sandrine et Francois m'a passé aussi... Décidément les îles c'est pas mon fort !

Devant moi il n'y a plus rien, plus de terre mais un gros « passage a niveau » qu'on appelle le « pot au noir », une épreuve dans l'épreuve, vu mon manque de préparation, je n'ai absolument aucune stratégie pour passer ça, et après avoir essayer de glaner quelques infos auprès des collègues a portée de VHF, je décide de faire simple, tout droit et plein sud dès que tu rentres dedans !
Drôle d'impression que de n'avoir plus de terre comme repère, juste un cap, une position et de l'eau partout... Ayant dèjà passer ce pot au noir, je pensais savoir a quoi m'attendre, de long moments de calme et de beau temps entrecoupés de bons petits grains... Je me trompais !

A suivre... et Bonne Année 2010 !

jeudi 10 décembre 2009

Histoire de girouette dans les alizés...

J5, le 7 octobre au matin.
La nuit a été grandiose, mer belle, vent médium, sous gennak et surtout pleine lune, un des grands moment de bonheur de cette transat !
Tellement beau et bon que même la fatigue ne m'atteignait plus, sur le pont, émerveillé, même quand on sait que ce spectacle va durer des semaines, on a pas envie d'en rater une miette.
Passé le mauvais temps, passé le stress du passage des îles, oublié ce mauvais coup tactique... Devant c'est les tropiques, les alizés qui vont se renforcer, pour l'instant c'est calme mais pas trop, ca glisse sans remuer... Magique ! Du coup j'ai un peu fait la bringue... Et oui on peut faire la fête en solo, musique a fond dans le cockpit, je débouche une de mes précieuse bière, l'agrémente de quelques graines et d'une bonne cigarette... J'ai même dansé je crois, heureux d'être la, des émotions plein la tête ! Dommage, j'avais tellement la tête ailleurs qu'il n'y en a pas d'image...

Bref, ce bon moment passé, un gros dodo a peine interrompu, sans doute trop long mais sans conséquence cette fois... Le jour se lève, je suis un peu vaseux mais de bonne humeur, réveil en douceur le temps d'apprécier une paire de bon café (et oui j'ai la cafetière a bord !!!)
Me voilà opérationnel, reposé, d'attaque pour en découdre et remonter quelques places, l'heure du grand spi a sonné et en quelques minutes le voilà a poste. Toujours a fond mais il n'y a plus rien a faire, un peu trop mou pour être a la barre je cherche quelquechose a optimiser : réglage, matossage, rangement, livre de bord, trajectoire, analyse meteo... tout est en ordre... ou presque, me voilà donc au portant et il m'arrive de lever la tête pour interroger ma girouette qui n'est plus la. Paix a son âme, ce n'est pas grand chose mais ca m'handicape, surtout dans ce petit vent pour trouver mon angle de descente optimal. Un petit pincement a chaque fois de sentir mon bateau « blessé » et pas a 100%... Alors l'idée germe vite : en fabriquer une nouvelle avec les moyens du bord...
Avant tout, il faut que je remonte au mat chercher le morceau qui reste. J'ai effectivement acheté le bloqueur nécessaire pour monter au mat en solo, mais quand j'ai voulu l'essayer la dernière fois au port, j'en avais conclu que la fonction descente était inutilisable sur une drisse de diamètre 6, limite un peu dangereux même... Le temps m'avait manqué pour résoudre ce point et oliv m'avait monté au mat vite fait car le programme était chargé...
Je m'en veux mais bon, après tout je suis aussi un grimpeur et je devrais m'en sortir pour descendre avec un demi-cabestan ou mon reverso moyennant une petite manip supplémentaire une fois la haut. Je répète et teste tout cela au premier étage de barre de flèche (a 3m du pont), une poignée jumard avec une pédale en sangle pour le pied et un erzatz de gri-gri comme bloqueur-déscendeur au baudrier qu'il faut monter alternativement et péniblement... puis j'affale le spi, j'appel simon que j'ai en contact VHF lointain pour lui signaler la manoeuvre et me lance, la mer est calme, me voilà en haut bien aggripé a ma tête de mat, ça bouge bien mais quelle vue ! Et surtout quelle sensation quand on baisse la tête et voit son petit bateau qui avance tout seul... Ne pas trop trainer, je récupère mon reste de girouette et actionne le descendeur avec délicatesse pour ne pas retomber sur le pont comme une pierre, et en quelques instants me revoila sur le pont avec mon reste de Girouette.



Reflexion... il reste les secteurs et le trou qui acceullait jadis l'axe de rotation. Je fouille le bateau et sors tout ce qui pourrait ressembler a un bout de girouette : Stylo, vis, goupille, un carnet plastique, un bibelot porte bohneur offert par cloclo (Evinrude, la fameuse cocinelle a hélice), quelques rondelles, de la colle epoxy, une carte plastifiée... Je passe toute la journée comme un gamin devant un mecano a essayer, comparer des solutions techniques, appeler les collègues a la VHF pour les mettre à contribution... la nuit tombe et interromp mon travail et ce n'est que le lendemain matin que j'accouche de mon invention : une girouette qui me semble suffisament précise et solide.

Entre temps le vent est monté d'un cran, la mer s'est levée et malgré mon impatience de la voir en action, j'ai une incoyable flemme de remonter en haut de ce mat qui balance... Et puis le soleil cogne déjà très fort, je verrais ca en fin de journée...
Après un frugal repas a midi, je sors faire un petit check up avant la sieste. C'est la que j'aperçois derrière moi au loin un grand spi blanc, pas un mini. Après quelques tractations à la VHF, j'établis le contact, il s'agit de Celeste, un bateau accompagnateur de 50 pieds.
L'occasion est trop belle pour monter au mat sous surveillance rapprochée, je prépare tout et affale le spi, let's go !
C'est dur cette fois, il fait très chaud et ca bouge beaucoup, chaque centimètre est gagné péniblement en agrippant bien si je ne veux pas me blesser. J'arrive essoufflé en tête de mat et met la girouette en place.
Retour sur le pont, Céleste est encore loin et pour prendre quelques images ils me proposent d'attendre un peu avant de renvoyer mon spi. J'accepte volontiers, voilà un bon prétexte pour un bon repos mérité et forcé !

Les voilà enfin a coté, a portée de voix, c'est vraiment sympa d'avoir un peu de compagnie, la star : tout un équipage sur le pont en train de mitrailler ! Je renvoie illico le grand spi et je repars doucement devant...
« - Vous pouvez envoyer un petit mail a ma chérie ?
- Non c'est interdit, tout doit passer par denis et par le site web...
- Alllleeeez.... c'est son anniversaire demain !!!! soyez cooooool les gars !
- Non c'est vraiment pas possible, mais on va faire en sorte qu'elle reçoive le message via le site... »

Et voilà, un petit mensonge pour une gentille ruse qui n'aura pas marché mais qui aura beaucoup fait parler...

mardi 1 décembre 2009

Coup de Mistoufle aux canaries !

Voici donc l'épisode 2, assez dense pour les 4 premiers jours de course, mais c'est un des passage clé donc ca le vaut bien !
Rappel : Moi c'est la trace rouge, Sandrine en violet et francois en Orange...

J3, le 5 octobre, en fin d'après-midi.

Les conditions s'améliorent, je sors un peu de ma léthargie de ces dernières 24 heures pénibles. Les canaries aprochent, la bascule a droite a eu lieu, et biensur je ne suis pas assez décalé dans l'ouest pour passer au vent de l'archipel. Trop tard pour se recaler maintenant, il faut faire au mieux et établir une stratégie optimale pour franchir l'archipel.

Tenerife est a une trentaine de milles devant moi, je sors pour tenter d'établir le contact visuel, je cherche quelquechose sur l'horizon, et c'est finalement bien plus haut que je découvre la silhouette de cette île volcanique, le mont Teide, un mastodonte de plus de 3500 mètres se dresse la devant mon étrave, la ou je suis j'ai plus de 3000 mètres de fond, ca commence a faire un joli dénivelé !

Enfin la bonne nouvelle est que je vais passer du bon coté (Ouest) de ce gros monstre qui doit contrarier sacrément mon ami éole... La mauvaise nouvelle c'est qu'il me manque 10° de cap pour passer cette pointe ouest, je prie pour que le vent continue de tourner un peu d'ici la sans quoi il me faudra tirer un contrebord douloureux vers l'WNW pendant une paire d'heure...

Stratégie... Je devrais donc passer cette pointe en milieu de nuit pour passer ensuite entre l'île de Tenerife et la Gomera au petit matin. Cette nuit sera donc intense optimiser son cap sans cesse pour perdre le moins possible et jouer avec les variations de vent que vont inévitablement apporter ces reliefs. Se reposer un peu serait une sage idée mais je n'y arrive pas, la vue d'une terre est trop excitante quand on vient du large... Je change ma voile d'avant, range tant bien que mal mon solent pour envoyer mon grand Génois de 18m².

J'avance, j'avance, la nuit tombe, Le volcan devient une masse sombre avec une grande ceinture lumineuse à son pied... Toujours pas de rotation mais a la place je tombe dans le dévent ! Idiot, allez on vire, tu as été trop gourmand ! Et voilà le bord douloureux, ca n'avance pas et pas dans la bonne direction... seul avantage, je ne me rapproche pas du rivage et essaye de nouveau un peu de repos.

Milieu de nuit, la lune s'est levée, c'est magnifique, je retourne vers la cote et croise un autre mini en train de batailler comme moi pour passer cette pointe. Je ne passe toujours pas, autre bord, merde il y a du courant, l'autre voilier m'a mis une bonne distance, j'ai l'impression de tout faire a l'envers et pourtant je suis a fond dessus. Finalement je passe cette maudite pointe en fin de nuit, je suis vraiment pas loin de la cote de Tenerife et deux options se présentent : longer la cote Sud-ouest de Tenerife tibord amure ou tirer a doite vers la Gomera pour me recentrer dans la passe...

Analyse... Vent de sud Ouest devant tourner et mollir par l'ouest, Il est préférable a priori de rester a gauche pour éviter au max le dévent de la Gomera. Le vent oscille me rapproche pas mal de la cote, et surtout la fatigue me tombe dessus. Je décide de virer pour aller dormir plus sereinement une heure ou deux avant de revenir de l'autre coté...

Sommeil... Réveil... Merde beaucoup trop tard, me voilà complétement décalé a droite, mal réglé et surtout complétement « empétolé »... (cad plus bateau arrété, plus un souffle d'air) zutzutzut grosse erreur !

J4, 9 heures du mat... Une magnifique journée en perspective, pas un nuage et ... pas un souffle d'air ! Le soleil retarde un peu son apparition, caché derrière le Gros monsieur Teide à l'est. Mais quand enfin il sort au dessus c'est gros coup de massue, ça cogne ! Enfin je me dit que c'est rien comparé a l'equateur sur les coup de midi...



Je profites quand même de ces conditions agréables après ces jours de m... On ouvre tout, on sort les vestes, chaussettes, bottes, et tout ce qui a pris l'eau et qui apprécie un petit tour au soleil. Musique, petit café, et quelle vue incroyable entre ces deux iles ! et dire que certains ne supportent pas la pétole, moi je suis plutot du genre « faut se faire plaisir dans toutes les conditions » !

Joindre l'utile et l'agréable : alléger le bateau et prendre une méga bonne douche d'eau douce, allez hop fini le près, je vide 20 litres d'un coup pour une toilette que mes fesses commençaient a réclamer et une bonne lessive !

Allez on se reprend maintenant... Il est ou le vent ? Allez je décide de pousser a fond mon option de merde et me dit que je vais trouver du thermique a droite le long de la Gomera... Nouvelle erreur, coté Tenerife au loin a Gauche j'assiste a un défilé de petit bateau qui glissouillent tranquillou sou spi... Grrrrrrrr quel sport ingrat, tu te déboite pendant 3 jours dans des conditions horribles, et voilà que tu perds tout en une journée ! Enfin, l'erreur est faites, il faut relativiser, et se reposer maintenant pour l'alizé qui va commencer a rentrer bientôt et pour longtemps...


Il ne suffira que d'un instant pour que le vent revienne assez franchement par l'ouest, affalage de spi, matossage, envoi du Gennak et c'est parti on se casse de la ! Voilà comment on passe en une journée, de la 24éme a la 32éme place...


Devant a plus de 700 milles c'est l'archipel du cap cap vert et surtout de belles glissades qui s'annoncent sous le soleil et l'alizé qui se réveillent... A suivre !